Le corps de souffrance


Je réécoute pour la cinquième fois Nouvelle Terre, un essai extraordinaire d’Eckhart Tolle et je suis toujours en mode découverte. Quelle sagesse ! Au cœur de cet ouvrage, il y a une description de l’ego et les enjeux créés par celui-ci dans la conception du corps de souffrance : une énergie qui se nourrit de nos pensées collectives et individuelles. Le corps de souffrance ressemble à un égrégore : une masse énergétique qui vit à travers nous et qui nous fait croire que nous sommes cette misère bâtie par des mémoires ancestrales, environnementales et des perceptions erronées. Il nous détourne de la Pleine Conscience en nous référant constamment à des injustices, des peurs ou des désirs. Notre esprit cherche vengeance ou justice et s’ancre dans le passé. Nous ne sommes plus présents.


Francesco Goya, Los Caprichos no 43. Le sommeil de la raison engendre des monstres



Selon Eckhart Tolle, le corps de souffrance est la raison pour laquelle nous avons tant de mal à faire la paix. Il s’impose et prend son énergie dans la culture des pensées de victimisation/bourreau. Il s’étiole quand nous comprenons notre essence. En nous branchant sur ici, c'est possible. En explorant également les idées et les histoires qui composent ledit corps de souffrance, nous pouvons mieux gérer celui-ci. La colonisation, les génocides et bien sûr les innombrables injustices qui ont fait souffrir les nôtres le font grossir. Il nous faut en prendre conscience dans un premier temps. J’ajoute à tout ceci, en parler. Faire le tour de nos histoires. Je crois que développer de la compassion pour nous-mêmes constitue un sacré bon début. Pour être libre de son passé, c’est important de le comprendre. Exprimer sa colère, sa frustration ou sa leçon ! La ressentir. C’est épouvantable par moment, mais tôt ou tard on arrive au cœur de la masse : la vacuité.

Puis, vient le temps de lâcher-prise avec l’identification à tout cela. Le Sutra du Cœur peut nous aider à y arriver. C’est une façon de faire. Il en existe une pléthore. Eckhart Tolle propose la méditation d’observation et de distanciation. C’est une méditation qui nous permet de prendre cette énergie par vague. Voici le lien: Pain Body Mais le plus important est de nous investir dans un processus réparateur. Personne ne peut nous sauver. La liberté provient de notre identification à l’amour cosmique ou de la Pleine Conscience. C’est cette même énergie qui nous crée. Elle insuffle la vie à nos corps.

Je ne vous cacherai pas que je vis un deuil et un lent retour à la guérison. Je ne suis pas disponible pour quiconque. Toutefois, je tenais à vous offrir quelques pistes de solutions. Il n’existe pas de recette simple. Chacun y va avec ses forces et ses faiblesses. Pour certains, ce passage est très difficile, car le corps de souffrance a pris de l’ampleur. De nombreuses générations n’ont pas pris le temps de méditer et de faire le point. Elles agissent comme si les autres étaient complètement séparés. Il n’y a plus d’écoute, ni de possibilités d’entente. Avoir raison est le but. Ces personnes s'accrochent à un dogme. Elles vivent au passé. Elles ne sont pas souvent ici. En fait, Elles ne voient plus ce qui est. Les projections deviennent leur réalité.

Pour sortir de cette dynamique de victimisation, il faut se prendre en main. Se responsabiliser. 

Je ne tolère plus les propos racistes, misogynes et homophobes. Est-ce que je disjoncte ? Bien sûr. Ce qui m’afflige le plus, c’est cet acharnement au nom d’une religion ou d’une idéologie. Le savoir aide déjà à la compréhension. Quand je médite sur cette division, je reviens. M’ancrer est le défi. Je ressens tout cela est je reste là. Peu à peu, la vacuité fait son œuvre. J’arrive à dire les choses dans la non-violence et imposer mes besoins et mes limites. 

En terminant, l'intuition et la créativité sont des alliées puissantes. Vous avez tout cela en vous.

Puissions-nous jouir d’un très grand bonheur, sans la racine de la souffrance.

Michèle Rhéaume

Messages les plus consultés de ce blogue

Les mémoires d’une métisse

Le Sûtra du Coeur; initiation à l'espace non égotique