Les bonnes relations

 

Connais-toi toi-même. Pour bien se comprendre, il est bon de se rappeler que tout jugement nait de soi. Ce dont j'accuse provient de mes perceptions. Mes projections. Qu'elles soient vraies ou fausses, l'autre réfléchit mes croyances. 

Quand l’autre devient un bourreau, un ennemi, une bête noire ou un paria, c’est le temps de plonger dans une introspection. 

Pendant très longtemps, j'ai démontré peu de compassion et d'écoute. Je cachais beaucoup d'information, car la honte et la culpabilité m'en empêchaient. Je croyais normal d'agir ainsi. L'introspection ne faisait pas partie de notre dynamique clanique. Au contraire, nous nous acharnions à condescendre ceux qui ne pensaient pas comme nous ou étaient vulnérabilisés. En fait, j'étais convaincue de venir d'un milieu sain. Comment cela aurait-il pu en être autrement ? 

Cet article (en vert) énumère les traits à observer chez soi et face à une personne ou un groupe atteint par le trouble de  Perversion narcissique cachée




Depuis près d’une dizaine d’années, je consulte. Grâce à ce miroir, j’ai pu sortir d’un milieu toxique. Mais cela n’a pas été facile. Le cerveau se fragilise quand la base affective a subi un traumatisme. Surtout durant l'enfance. Le chemin vers la santé est long et très ardu. On m'a diagnostiqué un trauma complexe. 

Le plus difficile, pour une personne souffrant de trauma relationnel ou complexe, c'est d'accepter que le stress post-traumatique n'est qu'une conséquence de cette relation. 

Le stress post-traumatique peut survenir après quelques épisodes de violence ou un accident. Les agressions sont physiques et/ou verbales et/ou psychologiques. Souvent, la personne qui en souffre a frôlé la mort ou a ressenti la menace de mort. Des victimes de guerre, d'inceste, des accidentés tous azimuts, comme ceux qui subissent de la violence domestique vivent la même chose : un état de terreur qui impacte les perceptions et, à long terme, peut provoquer une détérioration du système vasculaire, neurologique, immunitaire, ainsi que de l'épuisement. Le cerveau demeure en état d'alerte. Les circuits pour relativiser sont bloqués. N'importe quoi peut déclencher de la panique. Pour guérir, ça prend de la conscience, de la douceur et de la réhabilitation autant neurologique qu'holistique. La consultation va de soi.

Un traumatisme relationnel se développe dans l'enfance. Un choc émotionnel bloque l'énergie vitale du bébé ou de l'enfant provoquant la perte  d'un ensemble de réseaux neuronaux responsable du développement de la sécurité. Il s'agit d'un trouble d'attachement. Cela se produit généralement à la suite de mauvais traitements : après des agressions physiques et/ou verbales, ainsi qu'un manque de présence. Le cerveau ne répond plus normalement aux messages de danger. Il est enkysté et la peur demeure. Comme un bruit de fond. S'ajoute à tout cela une empreinte qui brouille la communication et les relations amoureuses. Tel l'oisillon sortant de sa coquille, le premier regard croisé et le premier toucher sont scellés dans la mémoire. Cela ne s'efface pas. Il s'agit du premier contact avec le monde extérieur. C'est là où le bât blesse. Il y a de la confusion avec l'intimité. 

La guérison se fait avec beaucoup de collaborations provenant de diverses médecines, car il s'agit d'un problème qui sévit sur plusieurs plans : le corps, l'âme et l'esprit sont atteints. Pour se reconstruire, il faut une nouvelle base et cela amène une rupture avec l'ancien cercle. Qu'elle soit partielle ou totale, cette fracture déstabilise. La compassion pour soi apporte du réconfort et nous aide dans cette traversée du désert.

Le trouble de la perversion peut se développer chez moi, si je ne me questionne pas. Si je m'acharne à avoir raison et répète les mêmes actions qui m'ont blessée. C'est tellement plus facile de blâmer que de se regarder n'est-ce pas ?

Reconnaître la possibilité que notre comportement ne soit pas sain constitue un super début. Si je ne fais rien devant un pervers narcissique qui mine ma vie et détruit celle de mes enfants ou de mon environnement, je n’ai pas le choix de voir ce monstre en moi. Même s’il n’existe pas exactement comme je le décris, il y a de la complicité. C’est toujours par là que commence la guérison : quand je me responsabilise. Cela prend également de l’accompagnement. Accepter de l’aide n’est pas faible. Au contraire, c’est s'offrir de l’amour. Cette empreinte ne se modifiera pas sans aide. 

Pour apprendre ce qu'est un lien sain, seule une personne qui n'a pas vécu de traumatisme, qui a un cœur bien ouvert et un esprit allumé peut nous l'enseigner dans le partage. Cela demande de la transparence. 

Les bonnes relations surviennent dans un état de respect mutuel et d’écoute. Si aucun de ces deux éléments n’est présent, nous avons besoin d’aide thérapeutique. La méditation éclaire et régule ; elle nous procure de l'aide au développement du nouveau regard et à la récupération du senti. Les chocs post-traumatiques sont le résultat de pertes cognitives qui nous isolent. Ce sentiment a été renforcé par un discours de dénigrement comme le gaslighting et, pour certains, des menaces de mort. Quand une victime de trauma complexe découvre ou reconnait qu'elle a été agressée par un proche, il y a de fortes chances que celle-ci veule mettre fin à ses jours. L'estime de soi est faible. Je parle en connaissance de cause. Il y a 20 ans, lorsque le premier flashback d'inceste est apparu, j'ai voulu mourir. 

Le stress post-traumatique n'est pas à prendre à la légère. Souvent on peut se sentir déconnecté du corps et amorphe. La Pleine Conscience permet de reprendre contact avec le tout : le corps, le monde et l'étincelle de vie. Pour ce qui est de la confiance et du travail de réparation avec l'autre, le thérapeute pointe sur ce qu’il nous faut s'attarder. Il est formé à comprendre la douleur émotionnelle et psychique.  Avec lui, nous reconstruisons la base affective.  Pour des références thérapeutiques vous pouvez consulter mon billet Faire le tour de son histoire.

Je vous aime et vous souhaite ce qu’il y a de mieux pour vous. Je ne suis pas thérapeute et je préfère vous référer à des professionnels. Je me concentre dorénavant sur ma guérison. J'ai un deuil très difficile à accepter.

Michèle Rhéaume

P.S. Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur les traumatismes, voici quelques références :

Bessel Van Der Kolk, Le corps n'oublie rien, Albin Michel, 2018

Peter A. Levine, Healing Trauma: A Pioneering Program for Restoring the Wisdom of Your Body,
  • Publisher: Sounds True; Pap/Com edition (Oct. 1 2008)



Ce lien Facebook vers des exemples de gaslighting, une forme d'intimidation utilisée par les pervers narcissiques. : https://www.facebook.com/share/p/PAu1VdQ5UVb1iWkS/?mibextid=xfxF2i 

 

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