Quand le corps ne veut plus travailler

Ce qui m'a amenée à la méditation c'est la maladie. Il y a plus de vingt ans, j'étais en burnout, l'équivalent d'une dépression. 




Ma petite voix intérieure le savait, mais mon égo menait le bal. Je le ressentais comme une honte. Au lieu de demander de l'aide aux bonnes ressources : à mon médecin, à un groupe d'entraide, au responsable des ressources humaines et bien sûr à mes proches, je me suis épuisée à vouloir cacher ma faiblesse, au point de ne plus pouvoir travailler. Mon corps n'avait plus d'énergie. Seulement quelques heures debout, je devais en dormir autant. Psychiquement, je vivais des projections qui me minaient le moral et je n'arrivais plus à recevoir les gens. Le contact me brûlait. J'étais incapable de tenir une conversation et je n'arrivais plus à mentir. Je fuyais. Le travail me semblait une montagne quand je devais répondre aux questions. J'avais trois emplois et tous exigeaient un service à la clientèle. Un jour, un client a reçu mes insultes, parce qu'il me demandait des précisions. C'était la gaffe de trop. Peu de temps après, j'ai été mise à la porte.

Manquant d'estime et de relativisme, pour m'en remettre à un thérapeute, j'ai cessé de travailler et écoulé mes dernières réserves financières. Comme je n'avais plus rien, j'ai choisi de dépendre de mes amis avec qui je n'arrivais même pas à exprimer ce qui me bloquait le chemin. Je souhaitais être sauvée, mais je ne savais pas comment m'y prendre.

C'est ainsi. La dépression nous fait perdre notre objectivité. Les idées, les sensations et émotions se bousculent. Pour y voir net, cela prend une bonne attention au plan d'ensemble et au détail. Quand un esprit dérape, pour le ramener au moment présent, il faut apprendre à reconnaître les mémoires du réel. Puis, laisser notre témoin nous indiquer le chemin. Cela s'appelle lâcher-prise.

Comme bien des gens, mon entourage était peu familier à l'approche aidante face à une personne vivant avec une maladie mentale. Il manquait d'outils et surtout ne savait pas me confronter. Le burnout fait peur. Plusieurs ont coupé le contact en me reconduisant vers d'autres. J'ai découvert de cette manière ceux qui tenaient vraiment à moi. Quelques personnes sont demeurées et ont tenté de me convaincre d'aller consulter. Je l'ai ressenti comme un affront. Selon moi, cela a provoqué plus de douleur que la dépression elle-même. Demander de l'aide à un médecin, ne m'était pas acceptable. Chez nous, la maladie mentale signifiait ne plus être reconnu. Perdre son autonomie. S'en remettre à une autorité. Plusieurs membres de ma famille ont souffert de dépression, mais au lieu de nous épauler, nous nous tenions à distance. Nous nous jugions. Moi, la première. C'est pourquoi, j'ai interprété ce moment comme du rejet et au lieu de relativiser, j'ai fait le vide autour. Je voulais être prise pour une battante ; je me suis construite une tour avec mes nombreuses projections négatives et une poignée de peurs irrationnelles qui me gardait recluse.

Quand nous souffrons d'une maladie mentale, il arrive souvent que nous croyons qu'en maintenant le silence et en contournant la question : Suis-je en santé mentale ? Nous allons nous en sortir. Hélas, nous nous leurrons. Si le travail est ressenti comme une torture, c'est un signal très important. Le nier amène plus de douleur. Si nous n'arrivons plus à y voir clair et que les idées sombres jaillissent à tout moment, nous sommes dans un tourbillon qui s'estompera que lorsqu'il sera dévoilé et bien accepté. Et oui, pour guérir, le premier pas vers la guérison est l'acceptation. Reconnaître que nous sommes souffrants.  

Notre meilleur allié vers la guérison c'est notre vulnérabilité.  Au lieu de nous construire un mur face au monde, il nous faut nous montrer et aller à sa rencontre.  

Au lieu de m'avouer malade, Il m'a fallu être à la rue pour que je sorte de ma forteresse. Presque nue et pas trop culottée, j'ai enfin pu ressentir quelque chose de plus grand que ma souffrance, d'aimant et de non jugement qui m'a guidée vers les ressources que je fuyais. Développer de la compassion pour moi-même m'a sortie de la misère. 

La communication demeure la clef. Si nous arrivons à exprimer ce que nous vivons et souhaitons devant une personne en qui nous faisons confiance, nous avons franchi un grand pas. Le suivant arrivera avec l'écoute de l'autre et de nous-mêmes. C'est cela la santé mentale. Plus nous nous dépouillons de nos mécanismes égotiques et plus nous pouvons être libres de la souffrance.

En faisant ainsi, nous faisons preuve de courage et de respect pour nous-mêmes et notre entourage. Nous donnons l'exemple de l'attitude à développer pour un monde meilleur. 

Voici quelques blogues et textes qui pourraient pister vos recherches.


Article sur la depression :

Service thérapeutique :


Groupes d'entraide :


Blogues et autres :


https://verbeetpensee.blogspot.com/2010/10/faire-le-tour-de-son-histoire.html



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