Le refuge

Notre quotidien se compose d'idées et de pulsions inspirées par des scénarios catastrophiques. Nous lever avec une belle vision de la journée demeure un défi quand l'estomac se noue et que la tête nous montre des projections négatives.

Là commence le travail, pour ramener notre attention à la source. Notre refuge. Cela prend du courage de plonger dans ce magma et y demeurer, sans y changer quoi que ce soit. Et pourtant, nous y arrivons ! Chaque fois que nous confrontons nos peurs et choisissons d'accepter ce qui est ici.

La première fois que j'ai vécu un Satori, une petite expérience du réel, j'avais 14 ans. Je ne pratiquais pas la méditation. J'étais très loin d'être une personne consciente. Mes projections guidaient ma perception du monde. Un soir, pendant que je m'engueulais avec mes parents, j'ai cru que j'allais perdre connaissance : je voyais rouge et ressentais aussi de la peur. Je me sentais dépassée, non respectée, mais surtout, que la situation me semblait injuste. Cela durait depuis quelques minutes et tout à coup, j'ai senti une distanciation avec le tourbillon familial : j'observais la dynamique et pour la première fois, je n'étais plus cette jeune fille, mais un ensemble. Je me savais libre du débat. Je constatais la construction égotique dans laquelle nous nous trouvions et qu'il me fallait simplement laisser aller. Sans hésitation, je lâchais prise sur le besoin de gagner. Cela m'avait plus d'importance. Je me sentais bien et mon esprit me montrait la danse. Une profonde harmonie avait fait place en moi. La peur de perdre et de ne pas être à la hauteur n'avaient plus d'emprise. Je savais que je m'en sortirais. Je ne m'identifiais plus à l'égo.

Vous avez probablement vécu un moment semblable. Saviez-vous que vous pouvez vivre ces instants, en prenant conscience de ce qui se joue ici ?

Cela ne m'est pas arrivé des tonnes de fois, mais grâce à l'exercice que je vous présente, je vis ces moments occasionnellement. Ce miracle se développe avec l'expérience. Si la pression est trop forte demeurez présent, au lieu de la fuir !

Les sensations de peur, les besoins de contrôle, les pulsions vers l'autre et leurs contraires, ainsi que les idées de survie représentent notre ouragan. Au centre, il s'agit encore de nous.

L’œil ne disparaît pas durant la tempête, il nous aide à choisir ainsi que prendre les bonnes décisions, et bien sûr, à y voir clair. Dans cet antre, le calme règne.


Le témoin 

Au début, il semble presque impossible d'y accéder, car les sensations et les émotions nous déstabilisent. En les laissant s'exprimer et en nous identifiant à notre témoin, la perspective qui nous donne l'heure juste sur l'état de la situation, nous pouvons respirer plus librement et relativiser. Le témoin nous ramène au plan d'ensemble dans lequel nous vivons. Il nous montre l'espace entre les sens, les corps et les mouvements. Il transite sans en être affecté par l'ego et ses effets. Il provient de la vie, notre moi réel. Le témoin est généré par la conscience. Il ne se localise pas à un seul endroit, il est tout simplement.

Vous le reconnaîtrez dans un intervalle. Il prend le premier plan dans un état de la conscience modifiée. Un intervalle ou Bardo représente un moment de pleine conscience. Vous pouvez l'identifier au lever. Lorsque vous vous réveillez, il donne une indication de la vie en vous et autour de vous. Pour un instant, vous êtes un espace libre. Il semble s'effacer lorsque les idées reviennent, mais si vous êtes assez attentifs, vous pourrez le retrouver. Il demeure invariable. C'est l'indicateur et la présence : le refuge. 


Méditation sur le témoin

Asseyez-vous et prenez le temps d'observer ce qui se meut en vous et autour de vous.

Que se passe-t-il maintenant ? Vous vous retrouvez avec des images, des sons, des émotions, des sensations reliées à des histoires qui se sont construites, il y a quelque instant ou depuis plusieurs années n'est-ce pas ?

Allez-y, accueillez-les ! Vous ressentez de la résistance, un malaise, une irritation ou du bien être peut-être ?

Il s'agit de sensations, même quand vous ressentez de l'indifférence. Ces états sont reliés à des pensées. Des mémoires.

Maintenant, demeurez dans votre espace, sans tenter de vous échapper. Respirez consciemment et observez les images qui surgissent de votre esprit et celles devant vous en écoutant les sons environnants, ainsi que ceux qui circulent dans votre cerveau.

Au début, cela peut ressembler à un capharnaüm. La répulsion vous envahit possiblement.  Il vous est difficile de ne pas aller ailleurs. En fait, plus vous vous permettez de ressentir et plus ces mouvements se libèrent. Ils semblent prendre de l'ampleur et de la vélocité. Puis, il y a des accalmies.

Au lieu d'éviter ces mémoires, restez en contact avec ce qui est là. Invitez celles-ci. Habituez-vous aux émotions et sensations, sans les juger ou les réprimer. Vous pouvez retrouver votre refuge dans ce chaos. Ces états d'être sont faits d'espaces. Plus vous maintenez le contact avec ce vide et plus vous retrouverez la paix et le courage.

Testez ceci avec de petits soucis. Au lieu de chercher les raisons et les solutions, joignez-vous au témoin.

Si vous rester assez longtemps dans le moment, vous percevrez la corporéité de vos histoires imaginaires, passées ou anticipées: des voiles superposés à celui qui semble se passer devant vous ou ce que vous entrevoyez les yeux fermés. Les contours ou les entre-images de vos saynettes peuvent vous apparaître plus diaphanes, plus apposées, collées sur le décor qui vous entoure.  Parfois, elles s'étiolent. L' intérêt pour ces récits s'estompe. Pour les gens plus auditifs, les silences et les sons ambiants sembleront s'interposer aux bandes son des mémoires. Pour les kinesthésiques, le senti se transforme de la bataille à un détachement. Cela est l'oeuvre du témoin.

Plus vous vous pratiquez à cet exercice et plus le réel apparaît dans vos projections. Vous pouvez respirer dans la tempête avec plus de liberté,  car vous vous dépouillez de l'ancienne identification à la souffrance. Vous concevez plus grand et plus petit à la fois. Vous découvrez votre alpha oméga.

Surtout, ne vous découragez pas !

Vous pouvez combiner cette méditation à un accélérateur : la Méthode Sédona. Je l'utilise depuis 7 ans et je peux admettre qu'elle est particulièrement efficace sur les peurs.

Bon courage !

P.S. Vous trouverez toutes les références à la Méthode Sedona, sur l'égo et autres phénomènes sur ce blogue.



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