Voir derrière le décor

Image tirée d'une vieille édition de vingt mille lieues sous les mers de Jules Vernes

Ce texte a été composé entre 2009 et 2010. J'ai choisi de le republier, car je crois qu'il contient des informations utiles.

Une fois que l’histoire personnelle est bien digérée ; exprimée dans tous les sens : de la colère, ignorance à la reconnaissance, de la peur au courage, du ressentiment au pardon et de la haine à la compassion, une ouverture se fait naturellement.

Une fenêtre sur ce qui est apparaît, mais cela ne dure qu'un temps, avant que les anciens réflexes reviennent. Cette nouvelle perspective me rappelle qu'il y a autre chose qu'une blessure à laquelle je m'identifie et qui m'empêche d'être moi-même.

L’histoire personnelle devient une toile sur laquelle j'y vois en surface mes attentes, mes rêves comblés et mes échecs. Derrière chaque rencontre se détermine un objectif plus grand que celui que je crois rencontrer: celui de voir en plan d’ensemble.

Les interactions

Mes rencontres ne sont pas hasardeuses. Il y a quelque chose en moi qui a attiré ces gens et qui les a repoussé également. Cela s’appelle l’énergie causale. L'énergie causale est l'espace qui circulent entre nous et ce qui nous entourent incluant nous-mêmes!

Cette énergie est en moi, chez vous et là où l’énergie circule. C'est-à-dire partout. Elle réfléchit ma vie intérieure et met en lumière ce que je ne veux pas voir, mais une fois que j’accepte de danser avec ma noirceur et ma lumière quelque chose change : les interactions deviennent conscientes. Je réalise que chacune de mes rencontres est une partie de moi qui se révèle.

Chaque histoire est interreliée. La mienne comme la vôtre se chevauchent et si nous sommes assez sages pour nous distancier de notre ego, nous pourrions saisir ce plan d’ensemble comme un tableau qui nous indiquerait une autre histoire : un immense codex où tous les temps ne font qu'un seul et y sont inscrites toutes les cosmogonies de l’univers en surface et derrière la vacuité : l'équivalent d'un disque dur vierge. Étrangement, cela nous rappellerait aussi les infinies possibilités qui sont disponibles dans le lâcher-prise. Cela est possible pour tout le monde, mais c'est à chacun de choisir cette avenue. La volonté de lâcher-prise sur sa propre histoire est un saut dans le vide et cela demande beaucoup de courage, car les habitudes sont tenaces et très réconfortantes. Lâcher-prise sur son histoire, c'est accepté de laisser aller ses anciens repères et le besoin de contrôler son avenir. Tout est inconnu. Nous nous en remettons à la vie, c'est elle qui nous prend en charge.

Au lieu de nous perdre dans nos attentes et règlements de compte, nous acceptons qu'ils existent d'autre façon de voir, de sentir, d'entendre et de comprendre le monde en nous abandonnant.

« The child can become conscious only if in his past life he has meditated enough, has created enough meditative energy to fight with the darkness that death brings. One simply is lost in an oblivion and then suddenly finds a new womb and forgets completely about the old body. There is a discontinuity. This darkness, this unconsciousness creates the discontinuity. » Osho tarot Past life




Kiva, a religious room, in Mesa Verde national park Stock Photo - 9427380

Comprendre ce qui nous bloque

Vous avez probablement vécu cette expérience ; vous vous arrêtez en pleine colère ou crise quelconque et, vous constatez que vous êtes simplement en train de vivre une autre désillusion. Mais au lieu d’embarquer comme à l’habitude dans le jeu de pouvoir, vous regardez la pièce en spectateur et comme par magie, vous vous arrêtez là, car il n’y a plus besoin de faire quoi que ce soit !

Apprendre à ne pas réagir, en observant le vortex énergétique, c’est prendre conscience du karma négatif qui se joue. Choisir de ne pas nourrir la bête, en acceptant simplement l'émotion sans tenter de la rejeter, déplace le point d'attention vers un plan d'ensemble. L'inverse existe aussi. La joie est transmissible ; plus de joie j'offre et plus, j'en reçois. L'énergie causale est un boomerang. C'est choisir qui importe.

Voir derrière le décor, c’est le cadeau que nous offre cette vie.

Chaque fois que je le constate, cela me rend plus forte, plus honnête avec mes objectifs, mes folles attentes et ce qui est vraiment.

Tout le monde a la chance de le découvrir par soi-même. Marshall Macluhan essayiste et théoricien en communication l’avait compris en se référant à A Descent into the Maelström d’Edgar Allan Poe.

Un marin dans sa barque est aspiré par un vortex, mais au lieu de se laisser aller à la panique, il observe le mouvement et choisit de sortir de l'embarcation en s'accrochant à une malle. Miraculeusement, il s'en sort. Mais personne ne croit son aventure. En fait, sa communauté le ridiculise. Par la suite, le marin s'enferme dans son histoire et se fait finalement ostraciser par sa communauté.

Comme ce marin, Macluhan a vécu une expérience semblable en décodant l’effet hypnotique des médias sur notre environnement. Macluhan avait même prévu que la fascination à ceux-ci deviendrait également notre aliénation.

La popularité qu’il avait de son vivant était due à ce même pouvoir hypnotique. Hélas, peu de ses contemporains avaient reconnu le travail de celui-ci. À la fin de sa vie, l’université pour laquelle il avait travaillé, avait fermé sa cellule de recherche et jeté ses travaux. Macluhan ne s’en ai jamais remis.

Le chemin vers la source

Même si nous reconnaissons les effets et les causes qui bloquent, troublent, charment et envoûtent nos sens, notre pensée, nos émotions et notre inconscient, le travail de conscientisation ne s’arrête jamais. Une fois que les déclencheurs, les patterns et les projections sont démantelés, il reste le travail avec le détachement : envers le jugement lui-même et les réflexes de l'ego. Le chemin est personnel. Embrasser son chemin, c’est accepter de faire cavalier seul parfois, car cela veut dire aussi sortir des normes. C’est ce qui est arrivé à Macluhan, il détonait et fascinait. Il n'avait pas peur d'aller là, où peu de gens s'étaient aventurés, vers la source des croyances.

Le détachement, c’est apprendre à être soi-même, tout en acceptant que l’autre ne soit pas d’accord. C'est aussi comprendre que toutes les blessures qui nous font, sont aussi nos indicateurs de réalisation : saisir l'essence des blessures, c'est aussi éviter de tomber dans le piège des jeux de pouvoir. Apprendre à exprimer clairement nos malaises et faire des demandes réalistes est selon moi, le meilleur moyen de ne pas retomber dans le trou.

Chercher à convaincre les autres, c'est encore une fois tenter de prendre l'énergie de l'autre ; nous devenons nous-mêmes des vortex. La réalité causale c'est apprendre comment cette énergie se créée et se défait, pour devenir sa propre source, en se branchant sur le Qi.

En devenant notre propre source, nous acceptons la différence. Même si nous ne sommes pas d'accord avec les interventions des autres et leurs façons de penser, nous acceptons de lâcher prise sur les idées. Cela ne veut pas dire que nous nous taisons pour autant! Dire notre vérité est essentiel. Si les autres ne veulent pas l'entendre ou s'y opposent, nous ne faisons que lâcher prise sur le besoin d'approbation, de contrôle, de sécurité ou de séparation (valorisation de la différence). Chacun de nous a le droit de penser et d'exprimer ce qu'il veut. La diversité d'opinions est aussi naturelle que la biodiversité. Les contrastes et les nuances dans les perspectives nous donnent cette richesse de point de vue qui alimente nos esprits. C'est ce qui démantèle nos croyances. En lâchant prise sur les différentes perspectives, il arrive des choses extraordinaires !



Références:

Mcluhan's Wake, documentaire sur le théoricien Marshall McLulan, réalisé par David Sobelman et Kevin McMahon, janvier 2007


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